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Sang royal
En 1541 Henry VIII, roi d'Angleterre fit un grand voyage au nord du royaume et donc à la limite du royaume d'Ecosse afin qu'on lui présente des placets tout le long du voyage. Ce mois de juillet fut glacial et pluvieux. Le nord restait majoritairement papiste et hostile aux Tudors, alors que le sud du royaume était acquis à la religion réformée. C'est à ce moment précis que l'auteur C.J. Sansom situe son intrigue et son héros Matthew Shardlake, un avocat londonien, brillant juriste mais bossu. Cette année-là fut découverte une conjuration destinée à renverser le tyran Henry VIII, profitant de l'alliance de l'Ecosse avec le royaume de France, suscitant ainsi les cauchemars du roi d'Angleterre. L'auteur imagine un secret d'Etat concernant la légitimité de Henry VIII: en effet un coffret de bois renfermant des documents explosifs peuvent hâter la déposition du roi. Une succession de morts inexpliquées, des agressions contre maître Shardlake sont l'enjeu de ce polar historique, un tantinet longuet au début mais qui se bonifie lors de l'avancée de l'intrigue. J'ai noté également une description effrayante des conditions des prisonniers politiques dans les sinistres cachots de la Tour de Londres.
C.J. Sansom, Sang Royal, éd Pocket, 789 p, 9,00 €
La joie de vivre
Zola situe l'action de son récit en Normandie près d'Arromanches où Pauline, orpheline de ses parents Lisa et Paul Quenu rencontrés dans Le ventre de Paris, est recueillie par sa tante et son oncle. Commencera pour elle une passion étrange pour son cousin Lazare, son aîné de huit ans, un jeune homme talentueux mais velléitaire, névrosé et instable. Elle, est d'une jalousie inquiète, à tendance masochiste, refusant tout de l'humanité pour donner tout son amour aux autres jusqu'à donner symboliquement sa maternité à Louise, une jeune femme de la région, qui finalement épousera Lazare. Pauline abdique en tout, mais elle est et veut être le centre de cette famille, que ce soit près de sa tante qui sera emportée par une maladie foudroyante, que près de son oncle affreusement ravagé par la goutte. La mer dévastatrice est du reste toujours présente dans ce roman où notamment avec un raccourci saisissant, Zola dépeint de manière hallucinante l'accouchement de Louise.
Emile Zola, La joie de vivre, éd KIndle.
Les voyages d'Alix-Nîmes
Pour en finir avec la visite du Pont du Gard, je viens de terminer une BD consacrée aux Voyages d'Alix, à Nîmes. C'est une BD bien construite qui mélange astucieusement des textes historiques et des dessins d'une grande précision vous permettant de voyager aussi dans le temps. A la vue de ces planches, le lecteur peut se rendre compte que Nîmes a su garder quelques vestiges de l'Empire romain avec en particulier la Maison carrée qui est arrivée jusqu'à nous dans son jus (la seule construction du monde romain ainsi préservée), avec également l'amphithéâtre qui a permis aux archéologues de comprendre la vie des gladiateurs au siècle d'Auguste ( Ier siècle ap. J.-C.), mais aussi le pourquoi de la piste elliptique. Nous découvrons les origines de Nîmes (la première Tour Magne d'origine gauloise, la fontaine dédiée au culte de Nemaus, les remparts symbole de puissance de la ville), et ce dès les Volques Arecomices, vaincus par Pompée. L'ouvrage conclut par la construction de l'aqueduc avec notamment une planche vous montrant le pont en cours de construction. Un bel ouvrage pour enfants et pour leurs parents.
Denoël, Teyssier, Martin, Nîmes Le Pont du Gard, éd Casterman, 12,90 €
Aqueduc de Nîmes
Lors des petites vacances de Toussaint, je suis revenu avec ma femme au Pont du Gard, un site que je n'avais pas revu depuis 1970. Je me souviens cette année-là d'une joyeuse débandade chez les touristes qui garaient leur voiture près de l'abri préhistorique et qui allaient boire un pot juste à côté dans une ancienne auberge qui existe toujours du reste. Je me souviens d'être monté au dernier niveau avec mes parents, mon frère, là où passait l'eau qui alimentait Nîmes. Aujourd'hui tout est en coupe réglée, tout se paie, mais je dois reconnaître qu'il existe maintenant une douce quiétude, car les voitures ne circulent plus sur le pont construit en appui sur le pont du Gard. Comme tout bon touriste, même si je suis un voisin biterrois, j'ai acquis un livre de photos du Pont prises en toutes saisons, seulement j'en voulais plus, alors j'ai acheté un ouvrage technique, plutôt destiné aux architectes, aux archéologues, aux étudiants, mais aussi aux amoureux de la nature qui chercheraient à retrouver le tracé de cette entreprise colossale commencée vers 50 av. J.-C., qui part de la source d'Eure jusqu'à Nîmes. Pour les passionnés d'archéologie et/ou de randonnées.
Guilhem Fabre, Jean-Luc Fiches, Jean-Louis Paillet, L'aqueduc de Nîmes et le Pont du Gard, CNRS éditions,31,00 €
Les fourberies de Scapin
J'ai assisté récemment à la mise en scène présentée par Denis Podalydès à la Comédie-Française. Nous nous souvenons tous de cette grosse farce étudiée au lycée ou au collège, mais la relecture soignée et précise entreprise par Denis Podalydès révèle une profondeur, une étonnante fraîcheur et une critique acerbe des mœurs de son temps en présentant un miroir à ses contemporains, à savoir l'autoritarisme des pères, les amours contrariées, la revanche des petits sur les puissants. Benjamin Lavernhe dans le rôle de Scapin est éblouissant, moderne, malicieux. Les rôles tenus par les pères, Gilles David et Didier Sandre sont monstrueux de vérité et de finesse, mais j'exprime un peu plus de réserve pour les jeunes actrices Pauline Clément et Adeline d'Hermy.
Molière, Les fourberies de Scapin, Comédie-Française.
