Mille ans de langue française - Nouveaux destins
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Alain Rey, Frédéric Duval et Gilles Siouffi en terminent avec le parcours historique de notre langue en partant du siècle des Lumières jusqu'à nos jours. Notre langue évolue, plastique aux conditions démographiques, économiques, structurelles pour aborder notre siècle, notamment avec le verlan, le rap et donc de nouveaux parlers. La Révolution française, la Première Guerre mondiale en favorisant les mixités ont engendré des néologismes, des grammaires différentes. Le phénomène de la colonisation a entraîné ce que les auteurs nomment des "francophonies". Notre langue est aujourd'hui à un carrefour d'intérêts divers, tant dans le concert mondial des nations que dans la prévalence de l'anglais, langue souple, à la grammaire très simple, pure. L'accélération des pratiques doit être prise en considération et plutôt que de bannir, il convient plutôt d'enrichir, à la condition que le bon sens prime.
Alain Rey, F. Duval, G.Siouffi, Mille ans de langue française,T2, éd. Perrin-Tempus, 11 €, 537 p.
Quand chevauchaient les comtes de Toulouse
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On les surnommait les comtes de fer. Voici cette dynastie.
Raimond IV
Après avoir cimenté les morceaux épars d'une province très riche, Raimond IV part pour la première croisade. Un chef de guerre? Il découvre à Antioche la lance qui a transpercé le Christ et ravive un enthousiasme perdu par les croisés. Il meurt au combat à Tripoli.
Bertrand
Son fils, il soutient les Francs à Jerusalem, prend Tripoli qu'il lègue à sa famille.
Alphonse Jourdain
En querelle avec le seigneur de Montpellier, il fait un mauvais choix politique. Les villes du Languedoc se dotent de consulats et donc de bourgeois. Il part pour la deuxième croisade prêchée par saint Bernard et meurt au combat.
Raimond V
Tête politique, il ne prend jamais parti entre les rois d'Angleterre et d'Aragon. Dans une société raffinée et luxueuse, les troubadours chantent la langue d'oc. L'hérésie cathare avance sur ses terres, ce qui éveille les loups de la papauté.
Raimond VI
Une guerre de conquête menée par les gens de la langue d'oui s'étend sur les terres du comte de Toulouse. Simon de Montfort, l'usurpateur, prend le titre et les terres de Raimond. Raimond et son fils débarquent à Marseille pour reprendre leurs prérogatives.
Raimond VII
C'est au tour du roi de France, Louis VIII, puis de sa femme Blanche de Castille de repartir en croisade contre le fief de Toulouse, au motif d'un soutien séditieux de Raimond aux hérétiques. C'est purement et simplement une guerre d'annexion.
Fin de la très belle civilisation occitane.
Jean-Luc Déjean, Quand chevauchaient les comtes de Toulouse, éd. Fayard, 414 p.
Nous, l'Europe
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Alain Gaudé rappelle avec insistance notre continent, sa révolution industrielle, ses richesses, ses peuples, ses angoisses, les guerres mondiales, les dictateurs, ses cendres, ses nationalismes, ses populismes actuels, pour nous dire que notre richesse tient dans ce qui nous lie ; l'appartenance à un continent, la connexion à un sentiment supra-national. Ce texte est un plaidoyer pour l'unité européenne, un manifeste contre les hommes providentiels qui voudraient nous faire marcher au pas et une ode à la laïcité, seul rempart contre les fanatismes. Ce livre doit devenir le livre de chevet de tous les Européens et surtout des politiciens qui tiennent notre destin en main.
Alain Gaudé, Nous l'Europe banquet des peuples, éd. Actes Sud, 183 p., 17,80 €
Ensérune

La région Occitanie présente de nombreux sites gallo-romains grâce à sa position stratégique dans l'Empire romain permettant aux marchands, aux troupes de passer aisément des confins de l'Italie vers l'Espagne. Ensérune à 10 km de Béziers en fait partie. Le premier habitat se situerait 575 ans avant J.-C.
L'occupation de cet oppidum aurait duré jusqu'au Ve siècle après J.-C., puis c'est le silence jusqu'en 1860. Des fouilles sont alors entreprises et mettent au jour des silos, des ornements funéraires, de la vaisselle. Depuis les fouilles continuent, se sont étendues et enfin le musée qui était vieillot a été repensé, recalibré. Une vraie réussite.
Guides archéologiques de France, Ensérune, 98 p., 18 €
Le roman de monsieur de Molière
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Mikhaïl Boulgakov narre de manière concise, enjouée la vie d'un de nos plus illustre homme de théâtre avec un amour passionné pour sa vie, son oeuvre. Jean-Baptiste Poquelin, fils de tapissier, lui-même tapissier du roi prit ses cliques et ses claques pour battre la campagne française avec sa troupe ambulante, se fit appeler Molière, puis grâce à son génie il sut conquérir l'âme des Parisiens et surtout la protection de Louis XIV, et ce, malgré les cabales, les jalousies des confrères, l'opposition de la Faculté de médecine, celle du cardinal de Paris. Sa mort fut douloureuse pour ses proches et il ne put être enterré à la sauvette qu'à la faveur du roi, mais à la condition de l'être à plus de quatre pieds sous terre. A la lecture de cet ouvrage fort court en somme, je recommande à nos collégiens et lycéens de le découvrir afin de posséder une synthèse vivante et finement écrite en 1933 par cet auteur russe et qui fit les frais de la censure stalinienne pour son oeuvre jugée bourgeoise et décadente.
Mikhaïl Boulgakov, Le roman de monsieur de Molière, éd.Folio, 283 p.
Le Grand Monde
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Pierre Lemaitre ne lâche pas l'affaire qui l'avait rendu célèbre grâce à la trilogie de Au revoir là-haut, sauf que dans ce roman il s'attaque avec acuité aux Trente Glorieuses qui en fait n'ont pas été toujours aussi glorieuses que cela, notamment au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Avec un sens du détail très vif, il nous plonge dans Beyrouth, Saïgon et Paris avec l'acuité du journaliste auprès de la famille Pelletier, dont le père a fait fortune dans la savonnerie. Les quatre enfants vont mener des chemins, différents, sombres par moment, mais on sent que l'auteur jubile car grâce à un procédé littéraire connu, il nous connectera sans heurts dans la première trilogie écrite dès 2013, avec à la clé le prix Goncourt.
Pierre Lemaitre, Le Grand Monde, éd. Calmann Lévy, 587 p., 22,90 €
Jouer du piano
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L'art de jouer du piano, où quand la géographie physique du piano, le clavier, rencontre la géographie politique qui le fait sonner, la partition.
Angélus
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François-Henri Soulié plonge le lecteur dans l'Occitanie médiévale, aux confins des Corbières, en rappelant les villes de Narbonne, Carcassonne, Béziers, les abbayes de Lagrasse, de Fontfroide, tout en mettant en lumière le catharisme, qui prônait la vertu jusqu’à la chasteté, la pureté comme ascèse de vie. Des meurtres rituels sont commis dans cette région, les cathares sont suspectés de les commettre, mais un maître tailleur de pierre et un baron vont mettre en lumière, pour un, le mobile, pour l'autre, révéler les conflits de propriété entre la baronnie et l'abbaye.
Ce roman historique est bien construit, fait montre d'érudition et se lit aisément comme un excellent roman policier.
François-Henri Soulié, Angélus, éd. 10-18, 520 p., 15,90 €
Par le bout du nez
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A l'occasion de la visite de l'exposition Morozov, nous avons profité de la soirée pour assister à cette pièce de théâtre jouée par Berléand et Duléry. Cette adaptation d'un texte espagnol est parfois savoureuse, parfois révèle des effets comiques poussifs. Néanmoins on s'amuse beaucoup, car Berléand est très crédible dans son rôle de psy devant régler l'urgence médicale du président de la République nouvellement élu, embarrassé par un tic nasal dès qu'il s'agit de prononcer son discours d'investiture : ou comment concilier la puissance silencieuse de la psychiatrie et les moments de faiblesse liés au pouvoir.
Delaporte, de la Patellière, Par le bout du nez, Le Théâtre libre, Paris Xe
Le Paris du Moyen Age
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Sous la direction de Claude Gauvard, neuf historiens proposent chacun dans sa spécialité différents regards sur la société parisienne du XIVe et XVe siècles, mettant à mal certaines idées reçues, notamment en matière judiciaire. Sont évoqués la place grandissante de Paris en France et en Europe et comment Paris a gagné sa place de capitale grâce à la centralisation des services, ceux des finances, des archives, le rôle non négligeable de l'évêque, à la fois pasteur et seigneur et bien sûr sa puissance relayée par l’édification de Notre Dame. Paris devient une capitale européenne de l'Université, accueillant de nombreux étudiants étrangers venus de toute l'Europe, et des maîtres renommés. Il est question également des bourgeois, des marchands de l'eau, des Parisiennes reconnues comme étant des femmes belles et distinguées. De très belles pages sont consacrées à Christine de Pizan. Le livre se conclut par la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons entre 1414 et 1418, guerre qui n'est pas sans rappeler le massacre de la Saint-Barthélémy et les événements sanglants apparus dès 1789.
Boris Gauve, Claude Gauvard, Le Paris du Moyen Age, éd Alpha, 287 p., 9,90 €